Littérature coréenne

dimanche, décembre 01, 2013

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"Le Palais de la Colline aux Nuages", de Juliette Morillot (Ed.Plon).

Au pays du Matin Clair, le palais du Bonheur Resplendissant, la vieille reine Min rédige ses mémoires et revit l'extraordinaire aventure d'une petite fille pauvre que la raison d’État allait pousser sur le trône de Hanyang, aujourd'hui Séoul. En ce milieu du XIXe siècle, la Corée, déchirée entre les ambitions de ses puissants voisins chinois et japonais et les convoitises européennes, est menacée de toutes parts. La violence, l'étrangeté, la poésie de cette fastueuse évocation font de ce premier roman au sujet inédit une pure splendeur.

"La mort à demi-mots", de KIM Young-ha (Ed. Philippe Picquier).

La mort à demi-mots est le premier roman de Kim Young-Ha qui porte un regard neuf sur des sujets types voire récurrents tels la mort et le sexe, nous plongeant vivement et sûrement dans une Corée encore méconnue où la vie était loin d’être facile pour certains. La mort est un thème omniprésent dans la littérature coréenne qui a un regard divergeant de celui de l’auteur, notamment car elle prend son inspiration dans les méandres du bouddhisme jusqu’à celui du chamanisme dont les Coréens peuvent être très friands. A lire!

"La chambre solitaire", de SHIN Kyoung-sook (Ed. Philippe Picquier).

Dans ce roman d’une beauté poignante, Shin Kyung Sook met au jour un passé resté douloureusement enfoui dans sa mémoire. C’est l’été, elle a seize ans et quitte sa campagne pour Séoul. Le seul moyen pour elle d’accéder au lycée est de devenir ouvrière dans une usine et d’être choisie parmi les plus méritantes pour suivre les cours du soir. De seize à dix-neuf ans, elle va connaître les privations, le travail éreintant, la solitude pareille à une pluie froide, puisant chaque jour en elle-même une force renouvelée pour vivre jusqu’au lendemain. Et c’est là, dans cette étroite chambre parmi les trente-sept de la maison labyrinthique qui abrite les employés d’usine, que va jaillir en elle le désir, la promesse incroyable de devenir écrivain.

"Là-bas, sans bruit, tombe un pétale", de CHOE Yun (Ed. Actes Sud Littérature).

De la terrible répression qui a ensanglanté la ville de Gwangju en mai 1979, la romancière tire un récit à plusieurs voix dont la modernité souligne la dimension tragique. Bouleversant, l'ouvrage relève les souffrances d'une société coréenne qui nous est inconnue. Ce livre est composé de 3 histoires racontant la souffrance, la rancune ainsi que la violence. L'auteure, dans cette œuvre, fait preuve d'un talent d'écriture éblouissant et magistral. Elle nous entraine dans l'histoire et nous permet d'acquérir un lien inexplicable avec les protagonistes. Ce livre nous détache de la réalité et nous emmène dans un univers passionnant. A lire sans modération.

"L'empire des Lumières", de KIM Young-ha (Ed. Philippe Picquier).

Kim Kiyeong, importateur de films étrangers, père de famille sans histoire, voit sa vie basculer à la lecture d un haïku de Bashô. Les vers du célèbre poète japonais contiennent un message codé qui le replonge dans un lointain passé. Vingt ans plus tôt, Kiyeong quittait clandestinement la Corée du Nord pour infiltrer Séoul ; l absence de mission a finalement fait de lui un agent dormant. Son brusque réveil le place au moment du choix : va-t-il obéir à l ordre de rentrer en Corée du Nord, ce qui peut-être signe aussi son arrêt de mort ? Il a vingt-quatre heures pour se décider, vingt-quatre heures dont chacune forme un chapitre du livre, en un compte à rebours où le temps s'accélère, comme si c était sa dernière journée à vivre. Tandis qu'il retrouve ses réflexes d agent secret, filé, épié, surveillé, Kiyeong fait un retour sur son passé, les choix et les hasards qui l'ont amené jusque-là, la fidélité et la trahison à soi-même, à ses idéaux de jeunesse. L'Empire des lumières est un roman où la nécessité de penser sa vie et la société où elle se déroule devient une urgence, une question de vie et de mort. Et c est un roman riche et fascinant car, à la fois, il nous propose une lecture critique et très éclairante des vingt dernières années de la Corée du Sud et du Nord, et il nous attache passionnément au destin d'un homme qui voulait changer le monde et découvre que c'est le contraire qui est arrivé.

"Le Visiteur du Sud (le journal de Monsieur Oh en Corée du Nord)" / Tome 1 et 2, de OH Yeong Jin (Ed. Flblb)

Monsieur Oh, technicien de la Compagnie sud-coréenne d’électricité, est envoyé en Corée du Nord dans le cadre d’accords de coopération. Sur place, le manque de moyens et l’organisation rigide de la vie quotidienne compliquent le travail. Dans les discussions, les questions politiques sont abordées, souvent avec humour, mais les contradictions surgissent car rien ne peut remettre en cause l’idéologie d’État.

"Anthologie de la poésie coréenne du XVIe siècle", de LEE Byoung-Jou (Ed. Mémoire Vivante).

La poésie a toujours tenu une place importante dans la culture coréenne, mais, étant exprimée en chinois, elle n’avait pas le caractère propre qu’elle acquerra à partir du moment où, au XVe s., le roi Sejong décida de la généralisation d’une langue purement nationale, avec des caractères propres, des lettres et non des idéogrammes, ce qui permit de simplifier le langage et donc d’exprimer plus facilement sa pensée. A partir du XVIe s, n’importe qu’elle personne sachant lire et écrire pourra s’essayer à la poésie, même des courtisanes, de manière plus accessible, célébrant la beauté de la nature, la joie de vivre, la fidélité au roi, l’amour, l’amitié, voire, de manière plus ou moins allégorique, se mêlant de politique.

"Tigre et Kaki et Autres Contes de Corée", traduit par Maurice Coyaud et Jin-Mieung Li (Ed. Gallimard).

« On retrouvera sans doute ici bien des thèmes récurrents de l'Extrême-Orient. Mais on sera frappé par l'originalité coréenne de traiter les thèmes. L'ironie et l'humour des contes de Corée se manifestent quand il s'agit de railler le tigre - et les grands de ce monde. Le roi des animaux est toujours humilié, même par un objet inanimé faiblard, peureux, mais rusé, lièvre. »

"Les filles du Pharmacien Kim", de PARK Kyong-ni (Ed. L'Harmattan).

Pak Kyong-ni est née en 1926 à Tongyeong, une ville côtière du sud-est de la péninsule. La jeunesse de Pak fut marquée par une succession de drames d’ordre familial. Son père quitte sa mère peu après sa naissance, une expérience qui la marquera profondément, et qui se reflétera d’ailleurs dans beaucoup de ses ouvrages. Au cours de la guerre de Corée, son mari, accusé de soutenir le communisme, est emprisonné à Séoul ; il trouvera la mort dans sa cellule. Peu après, Pak perd son fils de trois ans et se retrouve seule avec sa mère et sa fille qu’elle doit supporter financièrement. Sa carrière littéraire débute en 1955 : avec le soutien de l’auteur Kim Dong-ni, ses deux première nouvelles paraissent dans la revue Hyundae Munhak, « Littérature contemporaine ». « Les filles du pharmacien Kim » est l’une de ses œuvres phares.

"Les orchidées rouges de Shanghai" de Juliette Morillot (Ed. Presses de la Cite).

Un livre poignant, écrit par une experte et amoureuse inconditionnelle de la Corée, Juliette Morillot, sur l'histoire vraie d'une jeune Coréenne de 14 ans, enlevée par des soldats japonais en 1937 pour servir de "femme de réconfort" dans les bordels et les maisons closes nippones. Une force de caractère hors du commun, l'espoir de retrouver la trace d'un père français inconnu et une merveilleuse et impossible passion pour un officier japonais permettent à Sang-mi de résister à sa terrible destinée. En voici un extrait (terrifiant): " Nous allions repartir, quand j'aperçus devant l’hôtel Daiwa une silhouette étendue sur le sol à droite du portail de l'entrée. On eût dit une énorme fleur multicolore, rouge, jaune et bleu, étalée dans la neige. Un froid glacial me saisit. J'avais reconnu le kimono de Kinu. Kaneko, elle aussi, avait vu l'insolite tache de couleur. Ses lèvres se mirent à trembler et se sentis ses ongles se planter  dans mon bras. Kinu gisait sur le sol. Les paumes tournées vers le ciel, à demi couverte de neige. Et ce que de loin nous avions pris pour son obi était en réalité ses entrailles qui s'échappaient de son ventre. Un flot moiré crème et carmin, une somptueuse écharpe taillée dans une étoffe chatoyante qui s'enroulait mollement contre sa taille. Entre ses jambes écartées était plantée une baïonnette à laquelle était accroché un panneau calligraphié avec soin (Je suis une pute coréenne. Voila ce qui arrive aux vagins récalcitrants)."

"Les bouddhas de l'avenir", de Patrick MAURUS (Ed. Actes Sud, Coll. Terres d'aventures).

Extrait: "Le soleil va disparaître, mais nous ne sommes pas presses de descendre. Nous admirons en silence. Tout autour, les collines tombent si vite dans les rizières maintenant jaunes qu'elles semblent y être plantées. Chaque portion de paysage m'en rappelle une autre, chargée de rencontres et de récits. La Corée que je connais est maintenant aussi bavarde que ces marcheurs rencontres un peu partout.Et, en faisant un tour complet sur moi-même, je m’aperçois alors seulement que dans ce pays moutonnant de collines et de montagnes, a aucun endroit, l’œil ne peut embrasser totalement l'horizon." Coréanologue, professeur d’université, l'auteur est également un traducteur réputé de la littérature coréenne en France. Il est également fascine par le bouddhisme et le chamanisme sous toutes ses formes.

"Cocktail Sugar et autres nouvelles de Corée", de EUN Hee-kyung, KO Eun-ju, HAN Kang, JEON Gyeong-nin, KIM Ae-ran, OH Jung-hi, PAK Wanso et PARK Chan-soon. (Ed. Zulma).


Cette brève et dense galerie de nouvelles écrites par des femmes d’aujourd’hui bouleverse et secoue le lecteur, soudain projeté dans un univers qu’il connaît et ignore en même temps : car s’il s’agit de la vie quotidienne, ces histoires d’amour et de désillusion ont une force d’évocation intensément charnelle, soucieuse de l’instant et comme ancrée dans les mémoires. Ainsi avec le Couteau de ma mère, montrant l’amour de la narratrice pour une mère identifiée à son couteau inoxydable manié pendant toute une vie de cuisine. Ou avec la nouvelle titre, Cocktail Sugar, qui illustre le goût décalé de la classe moyenne pour les modes de séduction à l’occidentale, à travers un mot d’esprit qui, à force d’être répété, trahit en cascade la vie adultère.

Mais laissons le bonheur de la surprise au lecteur de ces huit puissantes histoires de femmes écrites, qui éclairent magnifiquement le nouveau visage de la littérature et de la société coréennes.

"Impressions papier Hanji: dix nouvelles franco-coréennes", de François LAUT (Ed. Atelier des Cahiers).

Quatre auteures coréennes confirmées (telles Eun Hee-kyung ou Kim Ae-ran), six écrivains français qui ont voyagé dans la péninsule (comme Alain Robbe-Grillet), y ont vécu ou y vivent, telle est la rencontre inédite que l’Atelier des Cahiers propose « sur papier hanji », dans son deuxième volume de la collection Littératures.

Les « impressions » dont il s’agit, c’est un agencement de fictions, les unes sur le pays natal, les autres sur le pays hôte, les coréennes privilégiant le « je » à travers l’histoire familiale, les françaises se jouant de l’exotisme ou de l’anachronisme. Chacune, par la diversité des thèmes évoqués (l’enfance, le désir,  l’histoire, la tradition, etc.) et la confrontation des regards, apportera au lecteur une image singulière de la Corée.

"Prends soin de maman", de SHIN Kyung-sook.  (Ed. OH Editions).

Le jour où Sonyô disparaît, égarée dans la métropole, ses enfants, devenus adultes, voit un abîme s'ouvrir devant eux.
Ensemble, ils se démènent pour la retrouver. Et, chacun à son tour, ils explorent ce lien unique qui les liait, les lie encore, avec celle qui leur a donné le jour. Les attentions quotidiennes, au village où ils ont été élevés, les espoirs que leur mère plaçait en eux, son soutien indéfectible... Eux qui sont partis vivre leur vie, laissant derrière eux cette femme uniquement préoccupée de leur bonheur, se heurtent à son absence.

Au vide auquel elle les confronte. Au vertige de la disparition... Un hommage bouleversant à l'amour maternel, unique, universel et absolu.

"Shim-chong, fille-vendue", de HWANG Sok-yong, (Ed. Zulma).

Le parcours initiatique d'une jeune prostituée de la fin du XIXe siècle. Hwang Seok-yong est un écrivain sud-coréen né en 1943 en Mandchourie (alors occupée par le Japon). Il est, depuis les années 1970, l'un des principaux représentants de la littérature réaliste et politique en Corée du Sud, en décrivant la vie des couches sociales les moins favorisées, notamment la classe ouvrière. Il a été fortement marqué par sa participation au corps expéditionnaire coréen au Viêt Nam, laquelle lui a inspiré un recueil de nouvelles "L'Oiseau de Molgyewol" et le roman "L'Ombre des armes". Hwang Sok-yong a été emprisonné pendant cinq ans en Corée du Sud pour s'être rendu en Corée du Nord, car la loi de sécurité nationale sud-coréenne - toujours en vigueur - interdit aux Sud-Coréens tout contact avec des Nord-Coréens.

"Cours Papa, cours", de  KIM Ae-ran, (Decrescenzo Editeurs).

Un père en short fluo qui n’a cessé de courir depuis que sa fille est née, un père qui perd son enfant dans un jardin public, un père qui ne croit pas au destin d’écrivain de son fils, un père sans domicile fixe, compagnon et cause des insomnies de sa fille, un père qui se dispute avec un lampadaire, voici les portrait au vitriol et pourtant attendris que nous adresse KIM Ae-ran depuis sa lointaine Corée.
Les cinq Micro-fictions du présent volume nous donnent à lire dans un style incisif et souvent loufoque, l’impact de la modernité dans un pays où chaque membre de la famille, première institution, devient tour à tour parent et enfant.


"Celle qui mangeait le riz froid", de MOON Chung-Hee (Ed. Bruno Doucey).

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