Randonnée à Dobongsan 도봉산

mardi, août 22, 2017






Séoul est une ville, une mégalopole pour être exact,
 dont la taille peut effrayer.





Il y a de quoi : 25 millions d’habitants (banlieues comprises) et la moitié de la population sud-coréenne pour la capitale + sa province immédiate Gyeonggi-do. Faisant partie des villes les plus densément peuplées, elle possède en outre 10% de la valeur immobilière de l’ensemble du pays, concentre les 5 plus grandes universités, et gênerait près de 779 milliards de dollars US en 2015 (Paris ne génèra « que » 689 milliards US la même année).

Pourtant, à l’image de la Corée du Sud, Séoul recèle 
bien des trésors aussi bien naturels que culturels. 


En témoigne le pic de Dobongsan (« la montagne du Tao » /도봉산 / 道峯山). Nichée dans un creux au nord du massif de Bukhansan (la montagne couvrant le nord de Seoul), exposée aux vents d’Est, et souvent inconnue des voyageurs étrangers, Dobongsan est encore sauvage et suffisamment naturel pour dépayser complètement les marcheurs qui s’y aventurent. Son plus haut pic Jawoon-bong culmine modestement à 740m, entouré de ses 2 jumeaux de granit (Manjang-bong, 718m et Shinseondae, 730m).

La balade commence à partir… du métro ! Eh oui. Car le réseau de métro séoulite est tentaculaire et vous amène directement du centre-ville aux abords du massif en quelques 45 minutes.Une fois sorti du métro, et en escomptant que vous soyez un(e) lève-tôt, le calme des ruelles ou les petits stands encore fermés sommeillent sous la rosée du matin vous vivifie.


Une petite marche dans le dédale des ruelles vous amène devant l’entrée du parc. Comme beaucoup d’entrées de parcs naturels en Corée, celle-ci est littéralement inondée de magasins de matériels de trekk (des marques les plus connues aux sous-marques et vendeurs à la sauvette qui vous vendent la même qualité de produits, 2 à 3 fois moins chers, mais sans le logo des marques internationales –eh, il faut aussi savoir ce que l’on veut…-), de restaurants vendant kimbaps (rouleaux de riz dans de l’algue séchée et fourres de légumes, de viande, de thon ou d’œuf-mayo, et ressemblant aux makis japonais) ou encore de makkeolli (vin de riz non filtré et à la consistance laiteuse que les Coréens apprécient fortement quand ils vont à la campagne ou en montagne).



Une fois l’entrée passée, au lieu de suivre la grande voie, il suffit de prendre le petit pont qui enjambe la rivière qui coule à proximité. En quelques centaines de pas, vous vous retrouvez devant une énorme porte toute dorée. Dans le fond, un pavillon, également doré, et son moulin à prières (très rare en Corée. Plus courant au Népal ou au Tibet) rappelant les origines du bouddhisme coréen (qui, bien que venu de Chine, s’ancre profondément dans le bouddhisme indien. Les autels coréens comportent d’ailleurs du sanskrit sur leurs linteaux). Vous voici devant Neungwon-sa.



Neung-won-sa est un petit temple, même si ses bâtiments sont particulièrement impressionnants. Son emplacement le met directement dans l’axe des 3 pics de Dobong-san, et donne un superbe cadre pour tous les amateurs de photographie, en particulier en automne. Son nom signifie « le temple du jardin de la vertu » (능원사 / 能園寺).



Poursuivez le long des champs laissés en jachère, un long muret vous accompagnera. C’est l’enceinte du temple suivant, Dobong-sa (도봉사 / 道峯寺), le temple de la montagne du Tao. Etonnement, le mur est richement décoré de fresques (les peintures ont été restaurées l’année dernière). C’est une chose rare car généralement les enceintes ne sont pas destinées à porter les représentations religieuses bouddhiques.


Dragons jaune et bleu (également présents à l’entrée des palais et des portes des villes), Bouddha, boddhisattvas et panthéon bouddhique s’alternent pour veiller le temple. Celui-ci (relativement récent) est organisé de manière assez simple : passée l’entrée, une volée de marches vous accueille et vous invite à vous diriger vers la plateforme qui surplombe le chemin en contrebas. De chaque côté, les statues de vénérables (moines et nonnes devenus boddhisattvas, des êtres de lumière ayant atteint le Nirvana) semblent somnoler tranquillement, pendant que mésanges et écureuils se chamaillent bruyamment sous les futaies des arbres avoisinants.


Une nouvelle volée de marches, cette fois-ci composée par des bacs à fleurs, mènent au pavillon principal. Il est important de rappeler que selon les anciennes croyances et traditions, il est fort malvenu d’emprunter la voie/porte centrale, celle faisant face au pavillon contenant généralement le Bouddha. Passer par les cotes est un signe d’humilité, sauf si vous êtes moine/nonne et que vous officiez pour le service.


A droite, une statue dorée de Avalokitésvara (Gwan-sae-eum en coréen / 관세음 / 觀世音) (annexe 1) accueille les fidèles et les visiteurs. A gauche, une immense stupa de marbre (colonne de pierre taillée, abritant généralement les reliques d’un vénérable) où niche un Bouddha assis (Seok-ga-mo-ni en coréen / 석가모니 / 釋迦牟尼).



Reprenant votre route, vous rejoignez la piste principale qui monte vers les 3 pics.
Une grosse heure de marche tranquille dans la forêt, où aménagements via des marches et passages naturels vous permettent d’effectuer le chemin jusqu’au plateau de Madang Bawi en toute tranquillité (il faudra quand même un peu mouiller le maillot !).

Juste avant d’atteindre ce plateau, vous passerez à proximité du Cheonjuksa, « le temple du Pays du Ciel », sous-entendu l’Inde, berceau du Bouddhisme (천축사 / 天竺寺). C’est l’un des plus anciens mais aussi des plus importants temples de l’Ordre Jogye dans la région de Seoul, autrefois appelée Hanyang, la ville « du côté ensoleillé de la montagne du fleuve Han «  (한양 / 漢陽).


Fondé en 673 par un disciple du grand moine Uisang, le temple vît son assise prendre toute son ampleur lorsque le fondateur et premier Roi de la dynastie Joseon le renomma et patronna son agrandissement. Bien que de taille très modeste (il ne comporte que 3 bâtiments principaux), le temple n’en demeure pas moins très important et reste encore aujourd’hui un centre de gravité parmi les temples de la région de Séoul (de manière tout aussi paradoxale, le temple de Jogyesa, modestement compose de 2 bâtiments originaux, est « la tête » de l’Ordre Jogye en Corée du Sud). Point qui mérite le détour : au milieu des lanternes et des multiples statues en bronze de boddhisattvas debouts, le temple offre gratuitement le déjeuner aux marcheurs qui s’y arrêtent. Une excellente occasion pour s’y rafraichir et se restaurer.

A moins que vous ne préfériez les surfaces granitiques polies de Madang Bawi, qui vous donnent un superbe point de vue sur la ville au loin, entre les pins rouges clairsemés et les rayons de soleil. Idéal pour un pique-nique (à condition de ne pas faire tomber sa bouteille d’eau, qui roulera, 150m plus bas… ne pensez même pas à courir après, pour votre propre sécurité). Dans tous les cas, ces deux possibilités de halte sont toujours bienvenues. Car le reste du chemin qui mène au pic change clairement de ton… Les 900m restants sont particulièrement fastidieux : Avec un dénivelé de près de 30% (265m à franchir sur 900m), dans les éboulis de granit, les marches taillées dans la roche, les cordes et les papis et mamies coréens qui vous doublent alors que vous, en pleine fleur de l’âge, êtes à la limite de l’apoplexie (les nuits de folie, le tabac et les apéritifs de trop se payent très cher… mais ce n’est que maintenant qu’il faut passer à la caisse), une grosse heure ne sera pas de trop pour arriver au sommet.

L’apogée de cette montée est l’arrivée sur le pic Jawoon-bong, où les derniers mètres se feront à même la roche, où il est de bon ton de laisser les personnes descendant (ou plus âgées que vous) passer en premier (de toutes façons, vous avez besoin de souffler, alors autant être courtois en même temps!). Mais une fois en haut (et à condition de ne pas avoir le vertige), quelle récompense !

A 360 degrés, vous avez vue sur les autre têtes de granit, tourelles rocheuses semblant défier la nature qui de ses teintes vertes semble tenter de reprendre les sommets du massif, mais également sur Séoul (au sud) et le « bras urbain » de Uijeongbu, remontant la « veine » du métro. L’avantage est que ce pic étant peu fréquenté (« peu » étant relatif en Corée), vous ne serez presque pas dérangé(e) durant votre séance de photos et de selfies !


Puis vient le moment de la redescente. 2 chemins s’offrent à vous :

- La voie vers le Nord, passant par le temple de Mangwolsa, le temple donnant la vue sur la Lune (망원사 /望月寺). Le temple, fondé sous un autre nom durant la dynastie Shilla, sous les ordres de la Reine Seondeok, était renommé et utilisé quelques siècles plus tard par les Rois de Joseon pour apercevoir la lune et méditer (d’où le nom).

- La voie du Sud, redescendant en parallèle la voie passant par Madang Bawi et le temple de Cheonchuksa. La redescente se fait de manière assez douce et vous retrouverez à l’entrée du parc le brouhaha semi-urbain des parcs coréens.

Petite faiblesse gourmande de fin de marche: arrêtez-vous dans une des échoppes en bordure du parc, et dégustez-y une crêpe coréenne (pajeon / 파전) composée d’herbes, d’aillet, de ciboulette et de poulpe ou de fruits de mer, arrosée de makkeolli.


Votre belle journée de remplie, la tête pleine de souvenirs, vous rejoindrez le métro pour revenir au cœur de Seoul la trépidante avec une seule question : quelle sera la prochaine balade ?

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