Le top 5 des réalisateurs

mardi, octobre 01, 2013

Im-Sang-soo, l'agitateur

Né le 27 avril 1962 à Séoul (Corée du sud)




Filmographie sélective

2003 : Une femme coréenne

2005 : The President's Last Bang

2007 : Le Vieux Jardin

2010 : The Housemaid

2012 : L’Ivresse de l’argent

L'avis East Asia

Réalisateur révélé à la fin des années 1990, Im Sang-soo peut aisément se qualifier d'agitateur de la Corée du Sud. Dès son premier film, "Girls' Night out", il brosse un portrait peu reluisant du pays en abordant – de façon très crue – la sexualité de trois jeunes femmes. Il récidive en 2000 avec Tears, film désabusé sur des adolescents désœuvrés : drogue, prostitution, violence... Im Sang-soo n'y va pas par quatre chemins.

Il continue d'explorer la vie sexuelle sud-coréenne dans d'autres films : "Une femme coréenne", "The Housemaid" (adaptation du classique des années 60 de Kim Ki-young) et "L'Ivresse de l'Argent". En privilégiant toujours les comportements les plus déviants ou transgressifs.

Outre la sexualité, Im Sang-soo a une deuxième grande thématique : la politique. C'est le cas dans "The President's Last Bang", "Le Vieux Jardin" ou encore, l'Ivresse de l'Argent. Dans le premier film, Im Sang-soo revient sur un événement majeur de la politique sud-coréenne : l'assassinat du président dictateur Park Chung-hee en 1979. Les soulèvements populaires qui ont succédé à cet assassinat sont décrits dans Le Vieux Jardin. Enfin, dans L'Ivresse de l'argent, Im Sang-soo met en scène une oligarchie pervertie qui tient actuellement les ficelles de la vie publique coréenne... et où la politique n'a plus de véritable raison d'être.

Si vous ne deviez voir qu’un film d’Im Sang-soo : L'Ivresse de l'argent est un bon condensé puisque les ingrédients du sexe et de la politique sont ici réunis et servent de fil rouge. Ce film dépasse la sphère politique sud-coréenne pour décrire les perversions d'une élite financière pour qui l'humanité se résume à des numéros de comptes bancaires dans des paradis fiscaux.

La pépite cachée d’Im Sang-soo : Le vieux Jardin est son film le plus intimiste et émouvant. C'est surtout une charge amère sur l'inutilité et le gâchis des engagements politiques. Dix-sept ans après un soulèvement réprimé dans le sang par l'armée, un militant se souvient et fait le bilan de sa vie.

Marc L’Helgoualc’h / East Asia


IM Kwon-taek, le patriote

Né le 2 mai 1936 à Jangseong (Corée du Sud)




Filmographie sélective

1981- Mandala

1993- La chanteuse de Pansori

1995- Les Monts Taebaek

2000- Le Chant de la fidèle Chunhyang

2001- Ivre de femmes et de peinture

2004- La Pègre

2007- Souvenir

L'avis East Asia

Im Kwon-taek est un amoureux de la Corée. Né avant la guerre de 1950, il fait partie de l’ancienne génération des réalisateurs coréens, celle qu’on connaît peu en Occident. Devenu assistant-réalisateur un peu par hasard après avoir travaillé à l’usine, il réalise son premier film en 1962... et ne s’arrêtera plus. En effet, Im Kwon-taek va réaliser une centaine de films, allant du mélodrame aux films d’action.

Pourtant, ce n’est qu’en 1993 que l’Europe le découvre – soit 30 ans après son premier film! - avec "La chanteuse de Pansori", qui met en scène une famille de chanteurs itinérants de pansori (chant traditionnel coréen). La tradition du chant coréen deviendra ensuite une toile de fond à deux autres de ses films: "Le Chant de la fidèle Chunhyang" et "Souvenir". Toutefois, le pansori n’est qu’un symbole pour Im Kwon-taek. Il lui permet de peindre la Corée historique, celle dont il est fier. Ses personnages, qui chantent en s’inspirant de la douleur de la vie quotidienne et de la beauté des paysages, reflètent l’amour que peut ressentir Im Kwon-taek pour son pays et pour ses traditions.

Si vous ne deviez voir qu’un film d’Im Kwon-taek : "Ivre de femmes et de peinture", qui a reçu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. La prestation de Choi Min-sik, qui interprète un peintre de la fin du XIXe siècle qui accède à la notoriété malgré son amour démesuré pour les femmes et l’alcool, est brillante de justesse et de sincérité. La mise en scène, poétique, se reflète dans la beauté des esquisses peintes par le personnage principal.

La pépite cachée d’Im Kwon-taek: "La Pègre", qui, malgré une réalisation très sobre, donne un aperçu des événements politiques et économiques qu’a pu connaître la Corée de 1957 à 1970, en retraçant l’ascension d’un adolescent dans le monde de la pègre. Le réalisateur, qui a connu cette période, s’engage dans ce film et analyse le monde du cinéma de cette époque mais aussi les liens entre le monde politique et celui de la pègre.

Lvi / EAST ASIA


NA Hong-jin, le petit nouveau

Né en Corée du Sud en 1974




Filmographie sélective

2007 : Sweat (court métrage)

2008 : The Chaser

2010 : The Murderer

L'avis East Asia

Na Hong-Jin a tout d'abord étudié les arts industriels, ressortant diplômé de l'université d'Hanyang. Il affronte tout d'abord le cinéma à travers deux courts métrages, avant de se lancer à la réalisation de long. Son premier essai, The Chaser, est présenté au festival de Cannes, avant de recevoir le prix Action Asia du festival asiatique de Deauville en 2009. Son métrage suivant, The Murderer, est aussi présenté à Cannes.

Si vous ne deviez voir qu’un film de Hong-jin Na : The Chaser (2008) : Ce film est un véritable uppercut au visage du spectateur. Thriller violent emmenant un ancien flic devenu proxénète, à la poursuite d'un tueur en série, Hong-jin Na déroule un récit sombre et sauvage où tous les personnages sont pourris, et où aucun espoir n'est possible. Un film passionnant, violent, et difficilement oubliable.

La pépite cachée avec Ji-hyo Song : Sweat (2007). Il s'agit d'un court métrage de douze minutes qu'a réalisé Hong-jin Na avant de se lancer dans la confection de long métrage, et qui permet de juger des compétences en devenir du réalisateur.

Yannik Vanesse /East Asia


LEE Chang-dong, l'audacieux

Né le 1er avril 1954 à Daegu (Corée du Sud)




Filmographie sélective

1997 : Green Fish

1999 : Peepermint Candy

2002 : Oasis

2007 : Secret Sunshine

2010 : Poetry

L'avis East Asia

Il y a en France comme une méprise sur la place de Lee Chang-dong sur l'échiquier du cinéma coréen, essentiellement due à sa double casquette, en plus de cinéaste, d'homme politique et d'écrivain. A priori, difficile d'imaginer que la stature officielle d'un réalisateur qui fut ministre de la culture puisse coïncider avec une œuvre provocante, contestataire et iconoclaste, tout comme celui d'homme de lettre est plutôt traditionnellement associé à une certaine forme d'académisme. Un quiproquo confirmé par ses deux derniers films, en apparence assez sages : Secret Sunshine et Poetry, deux bêtes de festival couronnés à Cannes respectivement par le prix d’interprétation féminine pour Jeon Do-yeon et par le prix du scénario.

Et pourtant, il faudrait être aveugle pour ne pas voir en Lee Chang-dong un cinéaste à contre-courant, expérimental et d'une audace folle, tant formelle que thématique. Dès son premier film, Green Fish, un vent d'amoralité malsaine traverse son cinéma, doublé d'une critique féroce de la société coréenne via le film de gangster. Les films suivant maltraiteront ses spectateurs avec des sujets dérangeants et polémiques (la dictature militaire dans Peepermint Candy, la place des handicapés dans Oasis) et des formes innovantes (le montage à l'envers de Pepermint Candy). Ce qui ne l'empêche pas de susciter la curiosité en déplaçant les foules dans son pays, et en récoltant des prix à l'international (Oasis reçoit le Lion d'argent du meilleur réalisateur à Venise).

Et pour lever toute ambiguïté, son expérience de ministre fut pour lui une douloureuse et courte parenthèse entre 2003 et 2004, et s'il a troqué les mots pour les images, c’est avant tout par désir de ne pas se répéter. Aujourd'hui, Lee Chang-dong est pleinement cinéaste et est toujours avant-gardiste.

Le film de Lee Chang-dong qu’il faut voir absolument : Difficile de choisir entre l'indispensable mélodrame social Oasis et la bouleversante quête d'une mère pour surmonter la perte de son enfant qu'est Secret Sunshine. Prenez donc les 2 !

La petite pépite cachée de Lee Chang-dong : Pepermint Candy, une fascinante traversée la tête à l'envers de l'histoire contemporaine de la Corée vu par un suicidé.

Victor Lopez / EAST ASIA


KIM Ki-duk, l'écorché vif

Né le 20 décembre 1960 à Bonghwa (Corée du Sud)




Filmographie sélective

1996 : Crocodile

2000 : L’Ile

2002 : The Coast Guard

2003 : Printemps, été, automne, hiver… et printemps

2004 : Samaria

2006 : Time

2011 : Arirang

2012 : Piéta

L'avis East Asia

Kim Ki-duk est un réalisateur assez atypique dans le cinéma coréen. Il vient d’un milieu modeste, est totalement autodidacte. D’étudiant dans un lycée agricole, il passe à l’armée qui a eu sur lui un effet dévastateur. Après avoir passé du temps dans un monastère, il quitte la Corée pour la France, sans le sous. C’est à ce moment qu’il rentre dans un cinéma pour la première fois.

De là, sa passion pour le cinéma est totale et la carrière d’un cinéaste iconoclaste commença. Souvent rejeté par la critique de son pays, c’est en occident qu’il devient le chouchou des critiques et des festivals. Venise, Berlin, Cannes, tous ont fait les yeux doux à Kim Ki-Duk.

Son cinéma est brut, s’affranchissant totalement des règles de mise en scène, qui souvent bouscule le spectateur. Comme ses personnages, il reste en marge du cinéma coréen qui ne l’a jamais vraiment accepté.

Marqué par un accident arrivé sur un tournage (il en fera un documentaire, "Arirang"), il en tirera également le déchirant Piétà, Lion d’or à Venise.

Le film de Kim Ki-Duk qu’il faut voir absolument : Printemps, été, automne, hiver…et printemps est un poème visuel magnifique, qui prend son temps pour construire une histoire émouvante et riche.

La pépite cachée de Kim Ki-Duk : Crocodile, premier film du cinéaste est dans la veine de son dernier en date Piéta, douloureuse description d’un marginal, gangster. Scènes chocs et réalité sociale pour un drame qui marque les esprits.

Jérémy Coifman / EAST ASIA


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