Le top 5 des films cultes

mardi, octobre 01, 2013

"Le Roi et le clown"

LEE Joon-ik (2005)





L'avis East Asia

Lors de sa sortie en Corée du Sud il y a plusieurs années, "Le Roi et le Clown" a reçu un accueil public triomphal. Cela ne lasse pas d’étonner. Non que le film soit déplaisant ou austère, loin de là : c’est un divertissement soigné, bariolé, où la truculence se mêle au plaisir de la reconstitution historique (la Corée du XVIème siècle), et où un sens aigu de la satire ne nuit aucunement au mélodrame.

En fait la singularité du film, qui peut contribuer à son étrangeté aux yeux d’un public occidental, vient de son sujet même : la passion amoureuse d’un roi tyrannique pour un saltimbanque, créature androgyne du nom de Gong-Gil.

Sur cette trame audacieuse, sans doute métaphorique, "Le Roi et le Clown" tisse une satire sociale et politique ponctuée de numéros de théâtre parfois saisissants, parvient à rendre attachants ses personnages et agrippe son spectateur d’un bout à l’autre sans sombrer dans la caricature - quand bien même une légère roublardise et quelques grosses ficelles seraient à déplorer.

Bref, un film aussi inattendu que remarquable, qui n’a sans doute pas volé son succès.

Antoine Benderitter / East Asia.


"Locataires"

KIM Ki-duk (2004)





L'avis East Asia

Déjà auréolé d’une forte reconnaissance internationale, Kim Ki-duk réalise en 2004 "Locataires". Une petite prise de risque puisque le film est en grande partie dénué de paroles. L’histoire est somme toute simplissime mais ingénieuse : un jeune homme marginal repère des maisons vides pour y passer ses nuits, sans rien voler (le titre original du film signifie justement « maisons vides »). Un jour, alors qu’il occupe une énième maison vide, il tombe nez à nez avec son occupante : une femme battue par son mari et cloîtrée chez elle de force. S’ensuit une étrange histoire d’amour et une fuite en avant vers on ne sait quel avenir.

"Locataires" est un film tellement épuré qu’il en devient abstrait. Kim Ki-duk peut y développer ses thèmes de prédilection : la marginalité, la solitude, la souffrance, l’amour mais aussi la violence.

Avec "Locataires", il démontre que l’amour n’a pas besoin de mots pour naître et s’épanouir.

Marc L'Helgoualch / East Asia.



"J'ai rencontré le diable"

KIM Jee-won (2010)





L'avis East Asia

Les deux premiers films de Kim Jee-Won à sortir en France l'avaient fait connaître comme un réalisateur aimant surfer sur les vagues du succès. "Deux sœurs" semblait profiter de l'engouement pour les films de fantômes asiatiques, lancés par "Ring", et "A Bittersweet Life" paraissait s'inscrire dans les thèmes et l'esthétique de Park Chan-Wook ("Old Boy" en particulier).

La continuité de la filmographie de son auteur démontre cependant plutôt un goût pour l’extrême violence stylisée et pour des thématiques occidentales, qui explosent avec "J'ai rencontré le diable".

Jusqu'au boutiste en diable, le récit du film nous mène à la poursuite d'un tueur en série. Le poursuivant, c'est un agent des services secrets, qui décide de se venger de la manière la plus effroyable et abominable possible. Des acteurs hallucinants (Choi Min-Sik est sans surprise parfait, comme à son habitude, et Lee Byung-hun, habitué aux films de l'auteur, confirme son talent) et une réalisation magnifique, à la beauté éclatante, nous emmènent dans ce voyage au bout de l'enfer.

"J'ai rencontré le diable" est un film d'une rare violence, mais aussi un récit sur la folie et sur le voyeurisme. Le spectateur observe cette vengeance aussi extrême que déstabilisante, qui questionne sur ce que chacun est capable de faire si on tue la personne qu'il aime. Bien sûr, il s'agit aussi d'un thriller passionnant et ultra-violent, qui ose aller jusqu'au bout de son propos, et même au-delà, et dont la vision ne laisse pas indemne.

Yannick Vanesse / East Asia.



"Memories of murder"

BONG Joonh-ho (2004)





L'avis East Asia

"Memories of Murder", sorti en salle en 2004, est le deuxième film réalisé par Bong Joon-ho, qui sera ensuite couronné de succès pour "The Host" et "Mother". "Memories of Murder", à l’instar "d’"Old Boy" de Park Chan-wook (2003)", signe la venue de la nouvelle génération de réalisateurs coréens sur la scène internationale.

Le film, basé sur des faits réels, se déroule dans une petite ville de campagne au milieu des années 1980, alors qu’un tueur en série commence à sévir. Afin de coincer ce psychopathe, deux inspecteurs de police, l'un de la campagne, l'autre de la ville, aux méthodes radicalement opposées vont devoir mettre leurs forces en commun. Les soupçons de chacun vont alors se déplacer d'un suspect à un autre, au rythme lancinant des assassinats barbares du mystérieux tueur. Mais en Corée, rien n’est si simple et les méthodes de travail de la police sont loin d’être transparentes…

Mêlant avec subtilité suspense, drame et comédie, Bong Joon-ho dirige également à merveille ses acteurs. Le duo de flics constitué de Song Kang-ho, l’un des acteurs coréens les plus en vogue ("Sympathy for Mr. Vengeance", "The Host") et Kim Sang-kyung ("Ha Ha Ha") est d’une efficacité redoutable. Au contraire de certains polars, le spectateur s’intéresse à ces deux enquêteurs si différents l’un de l’autre mais unis par la même obsession : celle de trouver le tueur. L’empathie ressentie tout au long du film, que ce soit pour les victimes, la population dépassée par les événements ou pour les policiers submergés, est une des grandes réussites du film. Pour autant, Bong Joon-ho ne tombe jamais dans le pathos, préférant insérer des touches comiques et décalées.

Ce thriller, d’une grande beauté visuelle et d’une violence poignante, est un film essentiel pour qui s’intéresse au cinéma coréen contemporain.

Lvi / East Asia.



Old Boy

PARK Chan-wook (2003)




L'avis East Asia

C’est avec "Sympathy for Mr. Vengeance" que l’on avait découvert le cinéma de Park Chan-wook en France à l’orée des années 2000 ("JSA" n’est arrivé que bien plus tard en DVD), et sa vision pouvait laisser un sentiment indécis, pris entre le mélange de réalisme brutal et cru et d’héroïsation lyrique.

Quelle erreur : ce style atteint sa maturité dans "Old Boy" et crée une œuvre totalement virtuose et originale. Si elle a par la suite été souvent copiée au point de devenir le maître étalon d’un certain cinéma coréen, la force du film est restée intacte et inégalée. L’unité dans la rupture y atteint un point de perfection : violence stylisée, ruptures de tons, thématiques scabreuses, virtuosité de la mise en scène, lyrisme de la musique, iconisation des personnages, "Old Boy" a tout du chef d’œuvre pop, qui se permet toutes les audaces.

Mais au-delà de la maîtrise formelle parfaite, le film est aussi une magnifique histoire de déchéance humaine, qui voit un homme détruit dans sa quête de vengeance. L’âme humaine y est aussi auscultée dans toute sa noirceur et sa médiocrité, avec un pessimisme poétique rarement atteint.

Victor Lopez / East Asia.


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