L'histoire de la betterave géante

mercredi, janvier 15, 2014

Il était une fois une plaine. Dans cette plaine se trouvait un petit village, et dans ce petit village une chaumine, dans laquelle vivait un homme simple bon et serviable. Un lopin de terre, hérite de ses ancêtres, lui offrait tout ce dont il avait besoin pour sa vie modeste. Ainsi vivait-il heureux et content. A l'approche de l'automne, le paysan se rendit dans son champs pour y ramasser les betteraves.

"La récolte est belle cette année", constata-t-il avec satisfaction. et il voulut déterrer la betterave la plus grosse. Il se mit a tirer de toutes ses forces; son dos lui faisait déjà mal, mais la betterave n'avait pas bougé, tant elle était grande. Il appela sa femme à l'aide, puis ses deux fils, et sa fille. En réunissant ainsi leur forces, ils parvinrent enfin à sortir le légume de terre.



"Quel superbe morceau, jamais encore je n'ai vu de betterave aussi gigantesque!" s'exclama le paysan stupéfait. Son fils cadet fixait sur elle des yeux incrédules: en effet, elle était presque aussi haute que lui."Cette betterave est trop belle pour nous," déclara le paysan. "Je vais l'offrir au Préfet."

Il avait été élevé selon l’idée que les meilleures choses reviennent aux seigneurs et il n'en concevait point d'amertume. Le lendemain, il enveloppa soigneusement la betterave dans un linge et l'emporta chez le Préfet.

"Monsieur le Préfet, pardonnez-moi mon audace," dit-il en s'inclinant respectueusement, "mais regardez cette magnifique betterave que je viens de ramasser dans mon champs. De ma vie, je n'en ai jamais vu de telle. Permettez-moi de vous l'offrir en signe de reconnaissance pour la sagesse et la bienveillance avec lesquelles vous gouvernez le pays."

"C'est une superbe betterave, en effet. Je te remercie, brave homme. Mais tant de dévouement à l’égard de tes seigneurs méritent aussi récompense", répondit le Préfet avec amabilité. Il appela son serviteur et lui demanda à voix basse: "N'y a-t-il pas parmi les cadeaux que j'ai reçus ces derniers jours, quelque chose qui pourrait faire plaisir à cet homme?"

"Si, Monsieur, il y a ce veau qu'on nous a amené hier de la vallée des Azalées..."

Le préfet opina: "Parfait!" et il offrit le veau tacheté au paysan. Quand celui-ci le ramena à la ferme, il rayonnait de bonheur. En effet, bien qu'il eut travaille durement toute sa vie, il n'avait jamais pu se permettre d'acheter une seule tête de bétail. Il s'imaginait déjà comment le veau allait grandir et épargner à sa famille et lui les durs travaux des champs et surtout qu'ils ne seraient plus obligés de s'atteler eux-même pour labourer. Tous les villageois partagèrent la joie du paysan courageux. Seul un riche voisin était dévoré par la jalousie. Toute la journée et toute la nuit, il chercha un moyen d'obtenir lui aussi quelque cadeau du Préfet.


"J'ai trouve!" fit-il a l'aube. "Si le Préfet a offert à ce pauvre type un joli veau en échangé de sa betterave, il faut que je lui apporte quelque chose de beaucoup plus précieux, et qui sait, peut-être me donnera-t-il quelque champs fertile de riz..."


Il sortit un veau de huit jours et se rendit chez le Préfet."Seigneur vénéré", commença l'avare avec servilité. "Grâce à votre gouvernement sage et bienveillant, toute notre région prospère et fleurit comme si elle était baignée par les doux rayons du soleil printanier. Acceptez ce modeste cadeau en signe de reconnaissance de la part de votre humble sujet", fit le riche fermier d'un ton flatteur, en poussant devant lui le veau meuglant.

"Je te remercie, brave homme, pour ces belles paroles et ton précieux cadeau. Ton dévouement exemplaire mérite récompense!"

Il appela son serviteur et lui demanda a voix basse: "N'y a-t-il pas parmi les cadeaux que j'ai reçus ces derniers jours, quelque chose qui pourrait faire plaisir à cet homme?"


"Si, Monsieur, nous avons cette betterave géante..."

Le Préfet opina: "Parfait!" et il offrit à l'avare la betterave offerte la veille par le pauvre paysan.

Le rêve de champs fertile conçu par le riche envieux s’évanouit soudain; la colère envahit son esprit. Mais extérieurement, il s’efforça de garder une contenance aimable comme le doivent les sujets. Sa betterave sous le bras, il murmura des paroles de remerciements pour cet honneur et ce cadeau rares, et quitta la résidence du Préfet avec mille références.

Jusqu’à aujourd'hui, les gens du village racontent en riant comment l'avare échangea jadis un joli veau contre une vulgaire betterave. Ainsi finit celui qui se montre trop avide, se retrouve vite sans rien.

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